A ma fille Adèle
Tout enfant, tu dormais près de moi, rose et fraîche,
Comme un petit Jésus assoupi dans sa crèche ;
Ton pur sommeil était si calme et si charmant
Que tu n'entendais pas l'oiseau chanter dans l'ombre ;
Moi, pensif, j'aspirais toute la douceur sombre
Du mystérieux firmament.
Et j'écoutais voler sur ta tête les anges ;
Et je te regardais dormir ; et sur tes langes
J'effeuillais des jasmins et des oeillets sans bruit ;
Et je priais, veillant sur tes paupières closes ;
Et mes yeux se mouillaient de pleurs, songeant aux choses
Qui nous attendent dans la nuit.
Un jour mon tour viendra de dormir ; et ma couche,
Faite d'ombre, sera si morne et si farouche
Que je n'entendrai pas non plus chanter l'oiseau ;
Et la nuit sera noire ; alors, ô ma colombe,
Larmes, prière et fleurs, tu rendras à ma tombe
Ce que j'ai fait pour ton berceau.
poem by Victor Hugo
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Je ne me mets pas en peine
Je ne me mets pas en peine
Du clocher ni du beffroi ;
Je ne sais rien de la reine,
Et je ne sais rien du roi ;
J'ignore, je le confesse,
Si le seigneur est hautain,
Si le curé dit la messe
En grec ou bien en latin ;
S'il faut qu'on pleure ou qu'on danse,
Si les nids jasent entr'eux ;
Mais sais-tu ce que je pense ?
C'est que je suis amoureux.
Sais-tu, Jeanne, à quoi je rêve ?
C'est au mouvement d'oiseau
De ton pied blanc qui se lève
Quand tu passes le ruisseau.
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poem by Victor Hugo
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Ecrit sur le tombeau
d'un petit enfant au bord de la mer
Vieux lierre, frais gazon, herbe, roseaux, corolles ;
Eglise où l'esprit voit le Dieu qu'il rêve ailleurs ;
Mouches qui murmurez d'ineffables paroles
À l'oreille du pâtre assoupi dans les fleurs ;
Vents, flots, hymne orageux, choeur sans fin, voix sans nombre ;
Bois qui faites songer le passant sérieux ;
Fruits qui tombez de l'arbre impénétrable et sombre,
Etoiles qui tombez du ciel mystérieux ;
Oiseaux aux cris joyeux, vague aux plaintes profondes ;
Froid lézard des vieux murs dans les pierres tapi ;
Plaines qui répandez vos souffles sur les ondes ;
Mer où la perle éclôt, terre où germe l'épi ;
Nature d'où tout sort, nature où tout retombe,
Feuilles, nids, doux rameaux que l'air n'ose effleurer,
Ne faites pas de bruit autour de cette tombe ;
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poem by Victor Hugo
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Ecrit sur la vitre d'une fenêtre flamande
J'aime le carillon dans tes cités antiques,
Ô vieux pays gardien de tes moeurs domestiques,
Noble Flandre, où le Nord se réchauffe engourdi
Au soleil de Castille et s'accouple au Midi !
Le carillon, c'est l'heure inattendue et folle,
Que l'oeil croit voir, vêtue en danseuse espagnole,
Apparaître soudain par le trou vif et clair
Que ferait en s'ouvrant une porte de l'air.
Elle vient, secouant sur les toits léthargiques
Son tablier d'argent plein de notes magiques,
Réveillant sans pitié les dormeurs ennuyeux,
Sautant à petits pas comme un oiseau joyeux,
Vibrant, ainsi qu'un dard qui tremble dans la cible ;
Par un frêle escalier de cristal invisible,
Effarée et dansante, elle descend des cieux ;
Et l'esprit, ce veilleur fait d'oreilles et d'yeux,
Tandis qu'elle va, vient, monte et descend encore,
Entend de marche en marche errer son pied sonore !
poem by Victor Hugo
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La Tombe Dit À La Rose (The Grave And The Rose)
La tombe dit à la rose :
- Des pleurs dont l'aube t'arrose
Que fais-tu, fleur des amours ?
La rose dit à la tombe :
- Que fais-tu de ce qui tombe
Dans ton gouffre ouvert toujours ?
La rose dit : - Tombeau sombre,
De ces pleurs je fais dans l'ombre
Un parfum d'ambre et de miel.
La tombe dit : - Fleur plaintive,
De chaque âme qui m'arrive
Je fais un ange du ciel !
The Grave and the Rose
The Grave said to the Rose,
'What of the dews of dawn,
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poem by Victor Hugo
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J'aime l'araignée
J'aime l'araignée et j'aime l'ortie,
Parce qu'on les hait ;
Et que rien n'exauce et que tout châtie
Leur morne souhait ;
Parce qu'elles sont maudites, chétives,
Noirs êtres rampants ;
Parce qu'elles sont les tristes captives
De leur guet-apens ;
Parce qu'elles sont prises dans leur oeuvre ;
Ô sort ! fatals noeuds !
Parce que l'ortie est une couleuvre,
L'araignée un gueux;
Parce qu'elles ont l'ombre des abîmes,
Parce qu'on les fuit,
Parce qu'elles sont toutes deux victimes
De la sombre nuit...
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poem by Victor Hugo
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Nox 1
At the bottom of your thoughts, this is the night you've chosen,
Prince, you must now make an end of things - the night is frozen
Come, get up! for sensing in shadow the smell of a thief
That old dog, Liberty, is growling and baring its teeth.
Though Carlier has chained it, it still continues to bay
You can't wait any longer. It's time now for the prey.
Look, December spreads a fog that's blacker than black
Just as a robber baron from his manor slips out the back.
Surprise now cold assassin the enemy in your sights.
Up! The regiments in the barracks wait tonight.
Knapsacks ready and now crazed with wine and with a furor,
Settling for a bandit to become an Emperor.
Take your lantern and come with careful steps - and quick -
Take your knife, the time is ripe, for just now the Republic
Confident and not seeing how your dark eyes do glow
Sleep with your oath, prince, tucked beneath the pillow.
poem by Victor Hugo
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Chanson pour faire danser en rond les petits enfants
Grand bal sous le tamarin.
On danse et l'on tambourine.
Tout bas parlent, sans chagrin,
Mathurin à Mathurine,
Mathurine à Mathurin.
C'est le soir, quel joyeux train !
Chantons à pleine poitrine
Au bal plutôt qu'au lutrin.
Mathurin a Mathurine,
Mathurine a Mathurin.
Découpe comme au burin,
L'arbre, au bord de l'eau marine,
Est noir sur le ciel serein.
Mathurin a Mathurine,
Mathurine a Mathurin.
Dans le bois rôde Isengrin.
Le magister endoctrine
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poem by Victor Hugo
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The Genesis of the Butterfly
The dawn is smiling on the dew that covers
The tearful roses; lo, the little lovers
That kiss the buds, and all the flutterings
In jasmine bloom, and privet, of white wings,
That go and come, and fly, and peep and hide,
With muffled music, murmured far and wide.
Ah, the Spring time, when we think of all the lays
That dreamy lovers send to dreamy mays,
Of the fond hearts within a billet bound,
Of all the soft silk paper that pens wound,
The messages of love that mortals write
Filled with intoxication of delight,
Written in April and before the May time
Shredded and flown, playthings for the wind's playtime,
We dream that all white butterflies above,
Who seek through clouds or waters souls to love,
And leave their lady mistress in despair,
To flit to flowers, as kinder and more fair,
Are but torn love-letters, that through the skies
Flutter, and float, and change to butterflies
poem by Victor Hugo
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Sunrise
Foul times there are when nations spiritless
Throw honour away
For tinsel glory, to base happiness
A mournful prey.
Then from the nations, fain of lustful rest,
Dull slavery's dreams,
All virtue ebbs, as from a sponge tight-prest
Clear water streams.
Then men, to vice and folly docile slaves,
Aye lowly inclined,
Ape the vile, fearful reed that stoops and waves
For every wind.
Then feasts and kisses; naught that saith the soul
Stirs shame or dread;
One drinks, one eats, one sings, one skips,—is foul
And comforted.
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poem by Victor Hugo
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