Heureux l'homme occupé ...
Heureux l'homme, occupé de l'éternel destin,
Qui, tel qu'un voyageur qui part de grand matin,
Se réveille, l'esprit rempli de rêverie,
Et, dès l'aube du jour, se met à lire et prie !
A mesure qu'il lit, le jour vient lentement
Et se fait dans son âme ainsi qu'au firmament.
Il voit distinctement, à cette clarté blême,
Des choses dans sa chambre et d'autres en lui-même ;
Tout dort dans la maison; il est seul, il le croit ;
Et, cependant, fermant leur bouche de leur doigt,
Derrière lui, tandis que l'extase l'enivre,
Les anges souriants se penchent sur son livre.
poem by Victor Hugo
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Dieu fait les questions pour que l'enfant réponde
Dieu fait les questions pour que l'enfant réponde.
' Les deux bêtes les plus gracieuses du monde,
Le chat et la souris, se haïssent. Pourquoi ?
Explique-moi cela, Jeanne. ' Non sans effroi
Devant l'énormité de l'ombre et du mystère,
Jeanne se mit à rire. ' Eh bien ? - Petit grand-père,
je ne sais pas. jouons. ' Et Jeanne repartit :
' Vois-tu, le chat c'est gros, la souris c'est petit.
- Eh bien ? ' Et Jeanne alors, en se grattant la tête,
Reprit : ' Si la souris était la grosse bête,
À moins que le bon Dieu là-haut ne se fâchât,
Ce serait la souris qui mangerait le chat. '
poem by Victor Hugo
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Tomorrow, At Dawn
Tomorrow, at dawn, at the hour when the countryside whitens,
I will set out. You see, I know that you wait for me.
I will go by the forest, I will go by the mountain.
I can no longer remain far from you.
I will walk with my eyes fixed on my thoughts,
Seeing nothing of outdoors, hearing no noise
Alone, unknown, my back curved, my hands crossed,
Sorrowed, and the day for me will be as the night.
I will not look at the gold of evening which falls,
Nor the distant sails going down towards Harfleur,
And when I arrive, I will place on your tomb
A bouquet of green holly and of flowering heather.
poem by Victor Hugo
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Du haut de la muraille de Paris
à la nuit tombante
L'Occident était blanc, l'Orient était noir ;
Comme si quelque bras sorti des ossuaires
Dressait un catafalque aux colonnes du soir,
Et sur le firmament déployait deux suaires.
Et la nuit se fermait ainsi qu'une prison.
L'oiseau mêlait sa plainte au frisson de la plante.
J'allais. Quand je levai mes yeux vers l'horizon,
Le couchant n'était plus qu'une lame sanglante.
Cela faisait penser à quelque grand duel
D'un monstre contre un dieu, tous deux de même taille ;
Et l'on eût dit l'épée effrayante du ciel
Rouge et tombée à terre après une bataille.
poem by Victor Hugo
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A Lament
'O paths whereon wild grasses wave,
O valleys, hillsides, forests hoar!
Why are ye silent as the grave?'
'For one who came, and comes no more!'
'Why is thy window closed of late?
And why thy garden in its sere?
O house! where doth thy master wait?'
'I only know he is not here.'
'Good dog, thou watchest; yet no hand
Will feed thee. In the house is none.
Whom weepest thou, child?' 'My father.' 'And,
O wife! whom weepest thou?' 'The Gone.'
'Where is he gone?' 'Into the dark.'
'O sad and ever-plaining surge!
Whence art thou?' 'From the convict-bark.'
'And why thy mournful voice?' 'A dirge.'
poem by Victor Hugo
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Chanson (L'Ame en fleur)
Si vous n'avez rien à me dire,
Pourquoi venir auprès de moi ?
Pourquoi me faire ce sourire
Qui tournerait la tête au roi ?
Si vous n'avez rien à me dire,
Pourquoi venir auprès de moi ?
Si vous n'avez rien à m'apprendre,
Pourquoi me pressez-vous la main ?
Sur le rêve angélique et tendre,
Auquel vous songez en chemin,
Si vous n'avez rien à m'apprendre,
Pourquoi me pressez-vous la main ?
Si vous voulez que je m'en aille,
Pourquoi passez-vous par ici ?
Lorsque je vous vois, je tressaille :
C'est ma joie et c'est mon souci.
Si vous voulez que je m'en aille,
Pourquoi passez-vous par ici ?
poem by Victor Hugo
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Janvier est revenu. Ne crains rien, noble femme!
Janvier est revenu. Ne crains rien, noble femme !
Qu'importe l'an qui passe et ceux qui passeront !
Mon amour toujours jeune est en fleur dans mon âme ;
Ta beauté toujours jeune est en fleur sur ton front.
Sois toujours grave et douce, ô toi que j'idolâtre ;
Que ton humble auréole éblouisse les yeux !
Comme on verse un lait pur dans un vase d'albâtre,
Emplis de dignité ton coeur religieux.
Brave le temps qui fuit. Ta beauté te protège.
Brave l'hiver. Bientôt mai sera de retour.
Dieu, pour effacer l'âge et pour fondre la neige,
Nous rendra le printemps et nous laisse l'amour.
poem by Victor Hugo
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Et Jeanne à Mariette a dit
Et Jeanne à Mariette a dit : - Je savais bien
Qu'en répondant : c'est moi, papa ne dirait rien.
Je n'ai pas peur de lui puisqu'il est mon grand-père.
Vois-tu, papa n'a pas le temps d'être en colère,
Il n'est jamais beaucoup fâché, parce qu'il faut
Qu'il regarde les fleurs, et quand il fait bien chaud
Il nous dit : N'allez pas au grand soleil nu-tête,
Et ne vous laissez pas piquer par une bête,
Courez, ne tirez pas le chien par son collier,
Prenez garde aux faux pas dans le grand escalier,
Et ne vous cognez pas contre les coins des marbres.
Jouez. Et puis après il s'en va dans les arbres.
poem by Victor Hugo
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1er Janvier
Enfant, on vous dira plus tard que le grand-père
Vous adorait; qu'il fit de son mieux sur la terre,
Qu'il eut fort peu de joie et beaucoup d'envieux,
Qu'au temps où vous étiez petits il était vieux,
Qu'il n'avait pas de mots bourrus ni d'airs moroses,
Et qu'il vous a quittés dans la saison des roses;
Qu'il est mort, que c'était un bonhomme clément;
Que, dans l'hiver fameux du grand bombardement,
Il traversait Paris tragique et plein d'épées,
Pour vous porter des tas de jouets, des poupées,
Et des pantins faisant mille gestes bouffons;
Et vous serez pensifs sous les arbres profonds.
poem by Victor Hugo
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A Song
Sitting at His table one day,
God and the devil a game did play;
Hated humanity was at stake;
Well, the first picked Bonaparte;
The other drew, and for his part,
'Twas Mastai that he did take.
Impoverished abbey, thin as a sprite!
Petty prince, small and filled with spite,
Truly a thoughtless brat!
Oh what a worthless pot!
'Twas God that had the losing lot
So the devil won them both at that.
God the Father cried, 'Take them you!
You will not know what to do
With them'; the devil laughed; 'Good sir-
That's where you're wrong,' the devil said,
And of the one a pope he made,
And of the other an emperor.
poem by Victor Hugo
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