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Emile Verhaeren

Vivons, dans notre amour et notre ardeur

Vivons, dans notre amour et notre ardeur,
Vivons si hardiment nos plus belles pensées
Qu'elles s'entrelacent harmonisées
A l'extase suprême et l'entière ferveur,

Parce qu'en nos âmes pareilles,
Quelque chose de plus sacré que nous
Et de plus pur, et de plus grand s'éveille,
Joignons les mains pour l'adorer à travers nous.

Il n'importe que nous n'ayons que cris ou larmes
Pour humblement le définir
Et que si rare et si puissant en soit le charme,
Qu'à le goûter nos coeurs soient près de défaillir.

Restons quand même, et pour toujours, les fous
De cet amour implacable
Et les fervents, à deux genoux,
Du Dieu soudain qui règne en nous,
Si violent et si ardemment doux

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Lorsque tu fermeras mes yeux à la lumière

Lorsque tu fermeras mes yeux à la lumière,
Baise-les longuement, car ils t'auront donné
Tout ce qui peut tenir d'amour passionné
Dans le dernier regard de leur ferveur dernière.

Sous l'immobile éclat du funèbre flambeau,
Penche vers leur adieu ton triste et beau visage
Pour que s'imprime et dure en eux la seule image
Qu'ils garderont dans le tombeau.

Et que je sente, avant que le cercueil se cloue,
Sur le lit pur et blanc se rejoindre nos mains
Et que près de mon front sur les pâles coussins
Une suprême fois se repose ta joue.

Et qu'après je m'en aille au loin avec mon coeur,
Qui te conservera une flamme si forte
Que même à travers la terre compacte et morte
Les autres morts en sentiront l'ardeur !

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Chanson de fou (1)

Le crapaud noir sur le sol blanc
Me fixe indubitablement
Avec des yeux plus grands que n'est grande sa tête ;
Ce sont les yeux qu'on m'a volés
Quand mes regards s'en sont allés,
Un soir, que je tournai la tête.

Mon frère ? - il est quelqu'un qui ment,
Avec de la farine entre ses dents ;
C'est lui, jambes et bras en croix,
Qui tourne au loin, là-bas,
Qui tourne au vent,
Sur ce moulin de bois.

Et Celui-ci, c'est mon cousin
Qui fut curé et but si fort du vin
Que le soleil en devint rouge ;
J'ai su qu'il habitait un bouge,
Avec des morts, dans ses armoires.

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Dimanche matin

Oh ! Les éveils des bourgades sous l'or des branches,
Où courent la lumière et l'ombre - et les roseaux
Et les aiguilles d'or des insectes des eaux
Et les barres des ponts de bois et leurs croix blanches.

Et le pré plein de fleurs et l'écurie en planches
Et le bousculement des baquets et des seaux
Autour de la mangeoire où grouillent les pourceaux,
Et la servante, avec du cru soleil aux manches.

Ces nets éveils dans les matins ! - Des mantelets,
Des bonnets blancs et des sarraus, par troupelets,
Gagnaient le bourg et son clocher couleur de craie.

Pommes et bigarreaux ! - Et, par-dessus la haie
Luisaient les beaux fruits mûrs, et, dans le verger clair,
Brusque, comme un sursaut, claquait du linge en l'air.

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Je noie en tes deux yeux mon âme tout entière

Je noie en tes deux yeux mon âme tout entière
Et l'élan fou de cette âme éperdue,
Pour que, plongée en leur douceur et leur prière,
Plus claire et mieux trempée, elle me soit rendue.

S'unir pour épurer son être
Comme deux vitraux d'or en une même abside
Croisent leurs feux différemment lucides
Et se pénètrent !

Je suis parfois si lourd, si las,
D'être celui qui ne sait pas
Etre parfait, comme il le veut !
Mon coeur se bat contre ses voeux,
Mon coeur dont les plantes mauvaises,
Entre des rocs d'entêtements,
Dressent, sournoisement,
Leurs fleurs d'encre ou de braise ;
Mon coeur si faux, si vrai, selon les jours,
Mon coeur contradictoire,

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L'abreuvoir

En un creux de terrain aussi profond qu'un antre,
Les étangs s'étalaient dans leur sommeil moiré,
Et servaient d'abreuvoir au bétail bigarré,
Qui s'y baignait, le corps dans l'eau jusqu'à mi-ventre.

Les troupeaux descendaient, par des chemins penchants :
Vaches à pas très lents, chevaux menés à l'amble,
Et les boeufs noirs et roux qui souvent, tous ensemble,
Beuglaient, le cou tendu, vers les soleils couchants.

Tout s'anéantissait dans la mort coutumière,
Dans la chute du jour: couleurs, parfums, lumière,
Explosions de sève et splendeurs d'horizons ;

Des brouillards s'étendaient en linceuls aux moissons,
Des routes s'enfonçaient dans le soir - infinies,
Et les grands boeufs semblaient râler ces agonies.

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Les espaliers

D'énormes espaliers tendaient des rameaux longs
Où les fruits allumaient leur chair et leur pléthore,
Pareils, dans la verdure, à ces rouges ballons
Qu'on voit flamber les nuits de kermesse sonore.

Pendant vingt ans, malgré l'hiver et ses grêlons,
Malgré les gels du soir, les givres de l'aurore,
Ils s'étaient accrochés aux fentes des moellons,
Pour monter jusqu'au toit, monter, monter encore.

Maintenant ils couvraient de leur faste les murs
Et sur les pignons hauts et clairs, poires et pommes
Bombaient, superbement, des seins pourprés et mûrs.

Les troncs géants, crevés partout, suaient des gommes ;
Les racines plongeaient jusqu'aux prochains ruisseaux,
Et les feuilles luisaient, comme des vois d'oiseaux.

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Les gueux

La misère séchant ses loques sur leur dos,
Aux jours d'automne, un tas de gueux, sortis des bouges,
Rôdaient dans les brouillards et les prés au repos,
Que barraient sur fond gris des rangs de hêtres rouges.

Dans les plaines, où plus ne s'entendait un chant,
Où les neiges allaient verser leurs avalanches,
Seules encor, dans l'ombre et le deuil s'épanchant,
Quatre ailes de moulin tournaient grandes et blanches.

Les gueux vaguaient, les pieds calleux, le sac au dos,
Fouillant fossés, fouillant fumiers, fouillant enclos,
Dévalant vers la ferme et réclamant pâture.

Puis reprenaient en chiens pouilleux, à l'aventure,
Leur course interminable à travers champs et bois,
Avec des jurements et des signes de croix.

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Le lait

Dans la cave très basse et très étroite, auprès
Du soupirail prenant le jour au Nord, les jarres
Laissaient se refroidir le lait en blanches mares
Dans les rouges rondeurs de leur ventre de grès.

Ou eût dit, à les voir dormir dans un coin sombre,
D'énormes nénuphars s'ouvrant par les flots lents,
Ou des mets protégés par des couvercles blancs
Qu'on réservait pour un repas d'anges, dans l'ombre.

Sur double rang étaient couchés les gros tonneaux.
Et les grands plats portant jambons et jambonneaux,
Et les boudins crevant leur peau, couleur de cierge,

Et les flans bruns, avec du sucre au long des bords,
Poussaient à des fureurs de ventres et de corps...
- Mais en face, le lait restait froid, restait vierge.

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Sois-nous propice et consolante encor

Sois-nous propice et consolante encor, lumière,
Pâle clarté d'hiver qui baignera nos fronts,
Quand, tous les deux, l'après-midi, nous nous rendrons
Respirer au jardin une tiédeur dernière.

Nous t'aimâmes, jadis, avec un tel orgueil,
Avec un tel amour bondissant de notre âme
Qu'une suprême et douce et bienveillante flamme
Nous est due à cette heure où nous attend le deuil.

Tu es celle que nul homme jamais oublie
Du jour que tu frappas ses bras victorieux
Et que le soir venu tu dormis en ses yeux
Avec ta splendeur morte et ta force abolie.

Et tu nous fus toujours la visible ferveur
Qui partout répandue et partout rayonnante
En des fièvres d'ardeur profonde et lancinante
Semblait vers l'infini partir de notre coeur.

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