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Emile Verhaeren

Là-bas

Calmes voluptueux, avec des encensoirs
Et des rythmes lointains par le soir solitaire,
Claire heure alanguissante et fondante des soirs,
Le soir sur des lits d'or s'endort avec la terre,
Sous des rideaux de pourpre, et longuement se tait !

Calmes voluptueux, avec de grands nuages,
Et des îles de nacre et des plages d'argent
Et des perles et des coraux et le bougeant
Saphir des étoiles, à travers les feuillages,
Et de roses odeurs et des roses de lait,
Pour s'en aller vers les couchants et se défaire
De soi, comme une fin lente de jour, un jour,
En un voyage ardent et mol comme l'amour
Et légendaire ainsi qu'un départ de galère !

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Le gel

Sous le fuligineux étain d'un ciel d'hiver,
Le froid gerce le sol des plaines assoupies,
La neige adhère aux flancs râpés d'un talus vert
Et par le vide entier grincent des vols de pies.

Avec leurs fins rameaux en serres de harpies,
De noirs taillis méchants s'acharnent à griffer,
Un tas de feuilles d'or pourrissent en charpies ;
On s'imagine entendre au loin casser du fer.

C'est l'infini du gel cruel, il incarcère
Notre âme en un étau géant qui se resserre,
Tandis qu'avec un dur et sec et faux accord

Une cloche de bourg voisin dit sa complainte,
Martèle obstinément l'âpre silence - et tinte
Que, dans le soir, là-bas, on met en terre un mort.

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Chanson de fou (2)

Je les ai vus, je les ai vus,
Ils passaient, par les sentes,
Avec leurs yeux, comme des fentes,
Et leurs barbes, comme du chanvre.

Deux bras de paille,
Un dos de foin,
Blessés, troués, disjoints,
Ils s'en venaient des loins,
Comme d'une bataille.

Un chapeau mou sur leur oreille,
Un habit vert comme l'oseille ;
Ils étaient deux, ils étaient trois,
J'en ai vu dix, qui revenaient du bois.

L'un d'eux a pris mon âme
Et mon âme comme une cloche
Vibre en sa poche.

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Croquis de cloître (IV)

Le choeur, alors qu'il est sombre et dévotieux,
Et qu'un recueillement sur les choses s'embrume,
Conserve encor dans l'air que l'encens bleu parfume
Comme un frisson épars des hymnes spacieux.

La gravité des longs versets sentencieux
Reste debout comme un marteau sur une enclume,
Et l'antienne du jour, plus blanche que l'écume,
Remue encor son aile au mur silencieux.

On les entend frémir et vibrer en son âme ;
C'est à leur frôlement que vacille la flamme
Devant le tabernacle, - et que les saints sculptés

Gardent, près des piliers, leurs poses extatiques,
Comme s'ils entendaient toujours les grands cantiques
Autour de leur prière en sourdine chantés.

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Viens jusqu'à notre seuil répandre

Viens jusqu'à notre seuil répandre
Ta blanche cendre
Ô neige pacifique et lentement tombée :
Le tilleul du jardin tient ses branches courbées
Et plus ne fuse au ciel la légère calandre.

Ô neige,
Qui réchauffes et qui protèges
Le blé qui lève à peine
Avec la mousse, avec la laine
Que tu répands de plaine en plaine !
Neige silencieuse et doucement amie
Des maisons, au matin dans le calme endormies,
Recouvre notre toit et frôle nos fenêtres
Et soudain par le seuil et la porte pénètre
Avec tes flocons purs et tes dansantes flammes,
Ô neige lumineuse au travers de notre âme,
Neige, qui réchauffes encor nos derniers rêves
Comme du blé qui lève !

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Croquis de cloître (II)

A pleine voix - midi s'exaltant au dehors
Et les champs reposant - les nones sont chantées,
Dans un balancement de phrases répétées
Et hantantes, comme un rappel de grands remords.

Et peu à peu les chants prennent de tels essors,
Les antiennes sont sur de tels vols portées
A travers l'ouragan des notes exaltées,
Que tremblent les vitraux, au fond des corridors.

Le jour tombe en draps clairs et blancs par les fenêtres ;
On dirait voir pendus de grands manteaux de prêtres
A des clous de soleil. Mais soudain, lentement,

Les moines dans le choeur taisent leurs mélodies
Et, pendant le repos entre deux psalmodies,
Il vient de la campagne un lointain meuglement.

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Les greniers

Sous le manteau des toits s'étalaient les greniers
Larges, profonds, avec de géantes lignées
De solives en croix, de poutres, de sommiers,
D'où pendaient à ses fils un peuple d'araignées.

Les récoltes en tas s'y trouvaient alignées :
Les froments par quintaux, les seigles par paniers,
Les orges, de clarté poussiéreuse baignées,
L'avoine et 1e colza par monceaux réguliers.

Un silence profond et lourd, tel une mare,
S'étendait sur les grains que coupait de sa barre
Et de ses lames d'or le soleil de Juillet.

Au reste les souris toutes se tenaient coites,
Les museaux enfoncés dans leurs niches étroites,
Tandis que sur un van le grand chat blanc veillait.

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La plaine (II)

Par les plaines de mon âme, tournée au Nord,
Le vieux berger des novembres mornes, il corne,
Debout, comme un malheur, au seuil du bercail morne,
Il corne au loin l'appel des brebis de la mort.

L'étable est faite en moi avec mon vieux remord,
Au fond de mes pays de tristesse sans borne,
Par les plaines de mon âme, qu'une viorne,
Lasse de ses flots las, flétrit d'un cours retord.

Toisons noires à croix rouges sur les épaules
Et béliers couleur feu rentrent, à coups de gaules,
Comme ses lents péchés, en mon âme d'effroi.

Le vieux berger des novembres corne tempête :
Dites quel donc éclair a traversé ma tête
Pour que, ce soir, ma vie ait eu si peur de moi ?

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Minuit blanc

Dalles au fond des lointains clairs et lacs d'opales,
Pendant les grands hivers, lorsque les nuits sont pâles
Et qu'un autel de froid s'éclaire au choeur des neiges !

Le gel se râpe en givre ardent à travers branches,
Le gel ! - et de grandes ailes qui volent blanches
Font d'interminables et suppliants cortèges
Sur fond de ciel, là-bas, où les minuits sont pâles.
Des cris immensément de râle et d'épouvante
Hèlent la peur, et l'ombre, au loin, semble vivante
Et se promène, et se grandit sur ces opales
De grands miroirs. - Oh ! sur ces lacs de minuits pâles,
Cygnes clamant la mort, les êtes-vous, ces âmes,
Qui vont prier en vain les blanches Notre-Dames ?

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Ô le calme jardin d'été où rien ne bouge

Ô le calme jardin d'été où rien ne bouge !
Sinon là-bas, vers le milieu
De l'étang clair et radieux,
Pareils à des langues de feu,
Des poissons rouges.

Ce sont nos souvenirs jouant en nos pensées
Calmes et apaisées
Et lucides - comme cette eau
De confiance et de repos.

Et l'eau s'éclaire et les poissons sautillent
Au brusque et merveilleux soleil,
Non loin des iris verts et des blanches coquilles
Et des pierres, immobiles
Autour des bords vermeils.

Et c'est doux de les voir aller, venir ainsi,
Dans la fraîcheur et la splendeur
Qui les effleure,

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